Devenirs humains – Hervé Lebras
Alors qu’elle provenait d’un immense mouvement d’unification de ce que nous appelons le genre humain, elle va être à la source d’un mouvement de diversification qui débute peu après. C’est en effet à la fin du XVIe siècle que l’on commence à parler de races humaines. Des naturalistes allemands sont les premiers sur ce terrain, en particulier Blumenbach et Oken. Le grand philosophe Emmanuel Kant leur emboite le pas avec un essai sur les races humaines. Sa conception est téléologique, c’est-à-dire qu’il explique la nature des êtres par leur destin final. Il soutient que chaque animal réalise durant son existence l’ensemble de ses possibilités ou virtualités individuelles. L’homme n’en réalise qu’une partie. Seule l’humanité les réalise toutes. Les quatre races en sont un exemple. Virtuellement, une seule se réalise en chaque homme, mais dans l’ensemble des hommes, les quatre apparaissent.
La spécificité du genre humain par rapport aux animaux est donc affirmée par le fait même de sa diversité.
Devenirs humains – Hervé Lebras